Michael Wolff : 60 ans de carrière et pas une ride
Temps de lecture : 4 minutesMichael Wolff, une légende du design
Nous vous parlions hier de Wolff Olins, une des agences plus célèbres au monde. Pionnière en matière d’identité de marque, cette dernière a massivement influencé la sphère du design international depuis près de 60 ans. Et c’est sans doute en vue de cet anniversaire évènement qu’un de ses deux fondateurs historiques, Michael Wolff, a décidé de sortir sa biographie via kickstarter. Mais vous vous en doutez, il ne s’agit pas d’une biographie classique. Retour sur les confessions d’un des plus grands noms de la profession.
Des débuts difficiles
Michael Wolff a beau être une référence, il n’en demeure pas moins que son parcours n’a été si limpide que cela. “Au début de ma carrière j’ai été licencié de 12 emplois d’affilée” nous raconte t-il ainsi dans sa biographie Leap Before you look : the Zen of branding. Étonnant pour celui qui finira par œuvrer pour Apple Records, LG, Labour, Audi et bien d’autres.
Une riche carrière
Façonné à partir d’entretiens enregistrés par l’écrivain Tom Lynham au studio NB, cette biographie est une véritable mine d’or. Tout au long de ces divers entretiens, Michael Wolff nous emmène en effet aux quatre coins de sa vie et de sa carrière évoquant avec passion des projets variés. Certains ont aboutis alors que d’autres n’ont jamais vu le jour. Mais qu’ils soient réalisés ou non, tous ses travaux participent à déterminer la vision de Michael Wolff. Et peuvent en outre constituer une source d’inspiration bienvenue.
Premiers souvenirs
Entre chaque lots de projets, nous retrouvons des doubles pages jaune vif dans lesquelles Michael Wolff se remémore des chapitres de sa vie et de sa carrière. Il y raconte l’histoire de ses parents par exemple. Il y évoque également des expériences formatrices telles que la reconnaissance d’insignes de guerre en tant qu’emblèmes de marques ! Certains souvenirs semblent davantage tenir de la découverte sensorielle comme lorsque sa mère épluche des oranges. Le tout forme ainsi une formidable ode à la liberté émotionnelle et créative.
Hagiographie ou biographie ?
Michael Wolff se confie également sur ses errements ou faux pas. Il s’agit ainsi pas d’une hagiographie mais bien d’une démarche transparente et honnête. De plus, l’échec est sans doute autant formateur sinon plus que la réussite. Il énumère en outre les inspirations et les coups de main qui ont émaillé son parcours.
Confessions intimes
Porté par une dimension maïeutique assumée, Michael Wolff semble vouloir accoucher de tous ses secrets de fabrication. Au regard de ses diverses confessions, un constat s’impose : Wolff à un regard bien à lui sur les choses du monde. Il échappe ainsi aux conventions et à l’académisme préférant la liberté de l’inspiration et de l’anti conformisme. Cela lui permet d’échapper aux tropes habituelles du design au profit de quelque chose de plus noble et de bien plus créatif comme cette célèbre photo de la pomme par Gene Marne pour Apple Records.
Michael Wolff : un talent unique
Cette capacité innée à créer et définir des caractères ou des images est particulièrement visible à travers le logo du Camden Council. Le colibri imaginé pour l’entreprise Bovis s’inscrit également dans cette mouvance. Au même titre que le renard rusé de Hadfields exprimant l’idée d’une survie intelligente face des concurrents pourtant bien plus riches et puissants.
Une certaine vision du design
De ses premiers émois sensoriels à son appréciation d’autres designers (Achille Castiglione, Issey Miyake), la croyance de Wolff en le design semble inébranlable. Chez Wolff Olins cela s’est naturellement et logiquement répercuté sur leurs différents projets. En écrivant ce livre, Wolff continue de défendre sa vision sans pour autant édulcorer les difficultés qui surgissent lorsque nous ne faisons rien comme les autres. Être à rebours de la majorité n’est pas un long fleuve tranquille tant les coups affluent parfois comme des vagues se fracassant sur des rochers. Mais c’est sans doute la condition pour être unique…
Michael Wolff : le dernier des humanistes
L’approche emphatique et définitivement humaine de Wolff est quelque chose qui fait cruellement défaut à de nombreuses entreprises actuelles de branding. Plutôt qu’un ouvrage lourd et verbeux qui aurait finalement assez peu correspondu à sa vison du design et de la vie, cette biographie prend la forme d’un livre d’images avec des histoires ajoutées. Au recto, nous retrouvons une illustration de l’ami et collaborateur de Wollf, le caricaturiste Charlie Barsotti. Au verso nous avons droit à quelques mots : “Il va vous le dire de toute façon”.
Si vous souhaitez soutenir ce projet, allez donc faire un tour du côté de Kickstarter. Un tel projet mérite en effet un maximum de soutien.