Assume that i can : Journée de la trisomie 2024
Temps de lecture : 4 minutesLe syndrome de Down, également appelé trisomie 21, bénéficie d’une journée mondiale tous les…21 mars. A cette occasion, une campagne est systématiquement créée. L’année 2024 ne fait pas exception à cette habitude avec un spot vidéo intitulé “Assume that i can” mettant à l’honneur l’actrice et mannequin Madison Tevlin, elle-même atteinte du syndrome de Down.
Assume that i can : Small in New-York
Réalisée par l’agence de publicité Small in New York, cette campagne a été commandée par l’association caritative italienne CoorDown et par diverses autres associations à travers le monde. Diffusée juste avant la journée mondiale de la trisomie, ce spot s’inspire d’un discours devenu culte prononcé par Marta Sodano aux Nations Unies.
Assume that i can : le discours d’une reine
Axé sur la notion de prophétie autoréalisatrice, ce spot vidéo puise ses racines dans le discours de Marta Sodano, une italienne de 29 ans atteinte du syndrome de Down. Invitée par les Nations-Unies à évoquer les obstacles qu’elle a dû surmonter durant son parcours, cette dernière s’est lancée dans une démonstration reposant sur le concept de prophétie autoréalisatrice.
Assume that i can : la notion de prophétie autoréalisatrice
Concept sociologique théorisé par Robert King Merton et William Isaac Thomas, la notion de prophétie autoréalisatrice est également connu sous le nom d’effet Pygmalion (si positif) ou d’effet Golem (si négatif). Ce concept se retrouve ainsi dans de nombreux domaines comme l’économie, la médecine, le sport ou encore la politique par exemple. En France, le pays des moutons de Panurge, nous y avons ainsi droit régulièrement. Nous pouvons penser à la fameuse crise de la moutarde.
Tous les médias et autres figures de la grande distribution sans oublier le gouvernement ont commencé à parler de pénurie de certains produits dont justement la moutarde. Résultat ? Les français ont couru dans les magasins d’alimentation afin de faire des réserves de moutarde et d’huile entres autres joyeusetés. Et finalement, il y a bien eu une pénurie puisque tout le monde s’est jeté dessus. Si les français avaient continué à consommer normalement, la pénurie n’aurait pas eu lieu. Et c’est précisément cela une prophétie autoréalisatrice, une définition d’abord fausse d’une situation mais qui finit par devenir véridique en raison des nouveaux comportements qu’elles suscitent.
Assume that i can : prophétie autoréalisatrice ou intolérance ?
Pour en revenir à notre sujet, Marta Sodano à mis en lumière la perversion d’un tel concept à travers plusieurs exemples dont la scolarité. Elle évoque ainsi certains épisodes auxquels elle a été confrontée comme un enseignant qui pense qu’elle n’est pas capable d’apprendre du Shakespeare et donc ne lui enseigne pas. Et forcément si le professeur ne lui enseigne pas, eh bien elle ne peut point apprendre. D’autant qu’un professeur est censé représenté une forme de pondération et de savoir.
Pour un enfant, de surcroit pas toujours très sur de lui et qui se bat tous les jours pour trouver sa place, ce type d’attitude peut être dramatique en l’enfermant dans l’idée qu’il n’est bon à rien pour le restant de ses jours. Et à force de convaincre quelqu’un qu’il est bon à rien, il n’y a que deux résultats possibles. Tout faire pour lui prouver qu’il à tort ce qui implique une force de caractère monumental. Ou croire en ses paroles, se dire que l’on est bon à rien et ne plus se battre. Mais dans des cas comme celui-là, est-on vraiment en face de prophétie autoréalisatrice ou de personnes intolérantes ?
Assume that i can : la liberté de vivre
Porté par une énergie et un punch bienvenue, le spot Assume that i can étend cette idée de prophétie autoréalisatrice au-delà de l’enseignement pour l’appliquer à diverses expériences de vie, depuis le fait de se faire servir un cocktail dans un bar jusqu’à vivre seul. Partout, au lieu de présumer que ce ne sont pas des objectifs pour les personnes trisomiques, Madison Tevlin exige plutôt de « supposer que je peux ».
Nous y voyons ainsi diverses scènes dans lesquelles Madison se retrouve confrontée aux limites que lui prêtent son entourage. Puis en deuxième partie, elle fait voler en éclat ces considérations et parlent de ses envies, de ses besoins et de sa vie ! Car oui, une personne atteinte du syndrome de Down peut avoir envie de faire la fête, d’apprendre Shakespeare, de pratiquer la boxe et même de faire la bête à deux dos, pour paraphraser le célèbre auteur anglais !
Assume that i can : un spot formidable
Cette journée 2024 de la trisomie 21 nous livre donc une campagne de sensibilisation aussi nécessaire que maîtrisée. Le propos du spot “Assume that i can” est délivré de façon positive tout en mettant en exergue certaines mauvaises habitudes comportementales. Ce spot publicitaire bénéficie en outre d’une réalisation soignée qui ne masque jamais la profondeur du discours et sa pertinence. Et prouve qu’il est inutile d’avoir recours au pathos et à la culpabilisation pour faire passer un message.