La typographie Cooper Black : de 1920 à aujourd’hui

Créée il y a plus de 100 ans en 1920, la typographie Cooper Black fait figure de légende dans le milieu du graphisme. Il est donc grand temps de rendre hommage à cette police mythique par le biais d’un retour sur son incroyable histoire..

Typographie Cooper Black : Oswald ? C’est toi mon papa ?

Apparue en 1920, la typographie Cooper Black a été créée par Oswald Bruce Cooper. Né en 1971 et décédé en 1940, Oswald a montré un goût prononcé dès son plus jeune âge Fanatique d’illustrations, ce dernier s’inscrit dans l’espoir d’épouser une carrière de dessinateur. Particulièrement réputée, cette école compte des professeur émérite comme Frédéric W. Goudy, un des grands noms de la conception de caractères typographiques à la renommé internationale.

Au contact de telles personnalités, le jeune Oswald prend alors la décision d’abandonner ses rêves de dessinateur pour se consacrer pleinement au lettrage et au graphisme industriel. Par la suite, il devint lui-même professeur à la Franck Holme’s School of Illustration en plus d’être le papa d’une des typographies les plus célèbres et les plus utilisées depuis sa création il y a plus de 100 ans !

Typographie Cooper Black : l’amitié, le socle fondateur

Durant son parcours scolaire à la Franck Holme’s School, Oswald va naturellement se lier d’amitié avec plusieurs de ses contemporains générationnels dont Fred Bertsch. Leur relation ne prendra pas uniquement la forme de partie de beuveries et de clubs de strip-tease. Les deux compères vont en effet œuvrer de concert afin de créer leur propre entreprise en 1914 : Bertsch & Cooper. Petit à petit, leur notoriété grandit leur donnant ainsi accès à des projets plus ambitieux.

Typographie Cooper Black : avant la Cooper Black

C’est dans ce contexte que la célèbre fonderie typographique Barnhart Brothers & Spindler (BB&S) remarque le travail de Oswald. BB&S lui propose alors de se lancer dans la réalisation d’une famille de caractères. Extrêmement motivé par cette opportunité, Oswald ne met pas longtemps à accepter ce défi. En 1918, il créa ainsi la Cooper Old Style (ou Cooper), une police romaine avec des empattements arrondis, un choix original pour une époque qui fait la part belle aux empattements anguleux.

Cette singularité lui vient en partie d’un voyage qu’il a effectué en Europe et durant lequel il découvrit l’art moderne. Profondément marqué par ce courant artistique, il en tomba follement amoureux. Au point que cela constitua l’influence majeur de ses futures travaux.

Typographie Cooper Black : une gestation de 24 mois

Mais cette première itération typographique ne satisfaisait pas totalement Oswald. Il manquait un petit quelque chose. Au bout de deux ans, il décide finalement de faire évoluer la Cooper. Il revoit alors les empattements pour les grossir. Il obtient ainsi un résultat plus lourd d’un point de vue esthétique mais aussi plus chaleureux assumant davantage son influence majeure, l’art nouveau. C’est donc en retravaillant son ancienne police que ce bon vieil Oswald mis au monde la typographie Cooper Black.

Typographie Cooper Black : une vie de stars

Dès son lancement, la Cooper Black cartonne. Elle est en effet la typographie la plus vendue du catalogue BB&S. Difficile de passer une journée sans apercevoir la Cooper Black sur une devanture d’échoppes ou dans une publicité. L’engouement est tel, que des concurrents commencent à réaliser leur propre version mais avec un tantinet moins d’originalité. Une copie est d’ailleurs resté dans les annales.

Nommée Goudy Heavyface, elle plagie honteusement la Cooper Black. Comble de l’ironie, cette typographie a été dessiné et conçue par un ancien professeur de Oswald…

En 1924, Oswald livre une version en italique de sa typographie qui lui permet de continuer à être très à la mode durant les années 30.

Typographie Cooper Black : la traversée du désert

L’amour ne dure qu’un temps. Il semblerait que cela en aille de même pour le succès. Après des années d’une popularité indéniable, la Cooper Black commence petit à petit à disparaître au profit de nouvelles polices. La nouvelle vague typographique incarnée par le courant Helvetic submerge l’époque des empattement gras. La Futura, la Univers et bien sûr la Helvetica sont les stars des années 40, 50 et au début des sixties.

Typographie Cooper Black : au nom du rock je t’ordonne de te relever

Cette typographie a connu un renouveau important dans les années 60 grâce à la musique ! Avec ses empattements, la Cooper Black affiche une identité lourde qui a su séduire le monde du rock. De nombreux artistes comme Frank Zappa (album Freak Out), The Doors (album LA Woman) ou les Beach Boys (album Pet Sounds) pour n’en citer que quelques uns, ont choisi cette police pour leur pochette. Et cela n’est pas étonnant. Car en dehors de son influence art nouveau, il est évident que la Cooper Black est porteuse d’effluves Machine Age.

Le rock a donc grandement participé à rendre son lustre d’antan à cette police qui à cette époque s’est étendu à l’ensemble de la culture populaire. C’est bien simple, la Cooper Black était derechef partout. Publicités, enseignes de magasins, bandes dessinées et logos de marques célèbres comme Burger King : la Cooper Black était redevenu la reine des typographies. Mais malheureusement, cet usage excessif l’a dévalorisé…avant un énième retour !

Typographie Cooper Black : le come-back de l’an 2000

L’an 2000 a marqué le retour de la Cooper Black sur le devant de la scène. Des typographes célèbres ont en effet repris le style de Oswald à la manière de Patrick Giasson en 1999 avec sa Oz Black ou encore Chank Diesel en 2000 avec sa Rosemary. Ses hommages ont redonné de l’allant à la Cooper Black. Différentes marques l’ont alors reprise à la manière de Easy Jet. Ou de The Kooples pour l’image rock qu’elle incarne à travers son atavisme Machine Age.

Typographie Cooper Black : une légende tout simplement

La Cooper Black dont le slogan était “faite pour des imprimeurs clairvoyants avec des clients myopes”, a marqué une industrie entière. La mixité de ses influences (art nouveau, Machine Age) lui offre une identité rare et puissante. Son rapport au Rock participe grandement à son aura légendaire et sa capacité à survire au temps qui passe est tout bonnement incroyable. Plusieurs fois enterré mais toujours vivante, la typographie Cooper Black semble se jouer des modes. Pas étonnant pour une dame qui domine l’industrie de la typographie du haut de ses 100 ans bien tassées !