La typographie cinétique : de 1959 à nos jours

Afin de poursuivre notre étude sur les liens entre le cinéma et l’art du lettrage, nous nous penchons aujourd’hui sur la typographie cinétique.

La typographie cinétique ? Mais qu’est ce que c’est ?

Évoquée lors de notre article sur Hitchcock, la typographie cinétique est une technique qui allie mouvement, son et texte. C’est donc une forme de création visuelle animée qui ne requiert aucune image. Ce procédé permet en effet à lui seul de raconter une histoire ou instiller une émotion particulière. Ce n’est pas pour rien que cette technique est apparue grâce au cinéma.

La typographie cinétique : une maïeutique cinématographique

Largement utilisée de nos jours pour divers travaux (vidéo marketing, clips, webdesign…), la typographie cinétique trouve ses racine dans le septième art. Les premiers exemples d’animation de lettres apparaissent dès 1899 dans les travaux publicitaires de George Méliès.

Mais la première véritable utilisation connue de cette technique remonte au chef d’œuvre d’Alfred Hitchcock : La Mort aux trousses. Sorti en 1959, ce film bénéficie d’un générique d’ouverture et de crédits devenus légendaires entièrement réalisés à l’aide de la typographie cinétique.

Alfred ? C’est toi mon papa ?

Bien que la typographie cinétique apparaisse avec ce film culte, ce n’est pourtant pas Hitchcock son géniteur. La paternité de cette technique est davantage à chercher du côté de Saul Bass, un graphiste aussi génial que talentueux ayant réalisé de nombreux génériques pour le cinéma.

Ce procédé permet à Bass de donner l’impression que les mots glissent sur et hors de l’écran en suivant un ensemble de lignes de quadrillage. Ils finissent par se fondre dans la façade d’un gratte-ciel de Manhattan. Absolument démentielle, cette séquence a marqué au fer rouge l’histoire du cinéma au point que David Fincher lui rendit hommage dans son film Panic Room en 2002.

Également très convaincant, le texte des crédits semble quant à lui glisser depuis le “hors champ” pour venir se marier à l’image. Bass a également usé d’une technique similaire pour Psychose en 1960, asseyant encore un plus sa position de graphiste précurseur et visionnaire.

La typographie cinétique : qu’en est t’il de nos jours ?

Totalement démocratisée de nos jours, la typographie cinétique n’est plus uniquement la primauté du cinéma. Avec l’avènement des nouvelles technologies et de divers logiciels , cette technique est en effet sortie de son cocon cinématographique pour déployer ses ailes dans les milieux de la communication. Télévision, publicité, web design : nous retrouvons ce procédé dans énormément de domaines variés. Vous voulez une preuve ? Alors penchez-vous sur la sélection qui suit, cela devrait vous surprendre !

La Déclaration universelle des droits de l’homme

Pilier indispensable au respect humain théorique, La Déclaration universelle des droit de l’homme fut établie en 1948. A l’aide de la typographie cinétique, Seth Brau s’est donné pour défi de réinterpréter ce célèbre texte en motion design. Très convaincant, ce projet datant de 2008 constitue un très bon exemple de ce que peut apporter la typographie cinétique.

Television is a drug

Basé sur le poème Télévision du scénariste et réalisateur Todd Alcott, Television is a drug est une pépite vidéoludique. Grâce à la typographie cinétique, Beth Fulton dénonce la perversité du petit écran noir avec une ironie mordante. Très convaincant, ce spot constitue la preuve que cette technique est idéale pour véhiculer un message ou une émotion.

Letras del tesoro

Réalisé par Zenzuke, Letras del tesoro est une parfaite illustration de tout l’apport de la typographie cinétique en matière de motion design. Portée par une vitalité à l’élégance indéniable, cette vidéo est une petite merveille. Dans un univers aux délicieuses arabesques, les lettres se suivent et se répondent pour former une danse typographique aux rythmes irrésistibles.

La typographie cinétique : quels logiciels ?

Comme nous venons de le voir, la typographie cinétique s’est énormément démocratisée durant les dernières décennies. L’émergence de nouveaux logiciels (Renderforest, Animaker, Kapwing, Apple Motion …) a grandement participé à simplifier l’accès à cette technique. Nous la retrouvons ainsi dans de nombreux domaines de la communication. Et dans les milieux artistiques bien sûr. Comme quoi, le cinéma, ça mène à tout !