Il était une fois 5 typographies de Sergio Leone
Temps de lecture : 5 minutesVous aimez les cow-boys et les pâtes ? Alors vous aimez forcément les westerns spaghetti. Genre extrêmement codifié, le western spaghetti doit ses lettres de noblesses à l’immense Sergio Leone. Portés par des partis pris esthétiques singuliers et pour certains inédits, ses films ont en effet révolutionné le septième art. En plus de témoigner de son appétence pour la créativité visuelle. Une ambition artistique plus ou moins obsessionnelle qui se retrouve jusque dans les génériques de ses longs métrages à travers des polices de caractères particulièrement originales. Et parfois même psychédéliques. Croyez nous, les typographies de Sergio Leone méritent votre attention !
Les typographies de Sergio Leone : Iginio Lardani, au commencement
Au même titre que les génériques de James Bond, ceux de Sergio Leone se veulent particulièrement créatifs. Cette volonté devient évidente lorsque l’on observe les typographies utilisées par le réalisateur Italien. Les génériques de ses premiers films ont ainsi été créées par un graphiste autodidacte du nom de Iginio Lardani. Audacieux et avant-gardiste, ce dernier a su donner un écho typographique au modernisme visuel affiché par Leone. Avant que le grand maître ne sélectionne par la suite lui-même les polices de caractères de ses génériques.
Les typographies de Sergio Leone : Pour une poignée de dollars
Premier western spaghetti, Pour une poignée de dollars est sorti dans les salles obscures en 1964. Inspiré par Kurosawa et Goldini, le film de Leone rencontra un succès aussi monstrueux qu’inattendu. Le générique d’ouverture a ainsi été conçu par Iginio Lardani, qui a adopté une esthétique novatrice. En utilisant un lettrage audacieux et en expérimentant l’animation, Lardini a signé un véritable petit bijou.
Ainsi, les hommes à cheval que l’on aperçoit dans le générique ont été créés à l’aide de la rotoscopie. Technique inventé par Max Fleitcher en 1915, la rotoscopie consiste à relever image par image les contours d’une figure filmée en prise de vue réelle pour en retranscrire la forme et les actions en film d’animation. Les deux couleurs majoritaires, rouge et noir, symbolise la lutte entre les deux familles au cœur du film. Le générique se termine par une lumière blanche qui efface tout et marque la fin du prologue. Véritable chef d’œuvre, cette ouverture rappelle bien sûr celles réalisées par Saul Bass pour Hitchcock. Et celles de Blinder pour James Bond.
Les typographies de Sergio Leone : Et pour quelques dollars de plus
Sorti en 1965, Et pour quelques dollars de plus est le deuxième opus de la trilogie « Dollars ». Là encore, le générique a été l’occasion pour Lardini de tester une nouvelle technique : la typographie cinétique. Lardini a ainsi été un des premiers à expérimenter cette technique avec Saul Bass que nous évoquions plus avant. Ce procédé mélange le mouvement et le texte en utilisant l’animation vidéo. A l’écran, le générique se retrouve ainsi criblé de balles comme si nous assistions à une subversion de la rhétorique triomphalisme typique des westerns américains.
Les typographies de Sergio Leone : Le Bon, La Brute et le Truand
Considéré comme le plus grand chef-d’œuvre de Leone, Le Bon, la Brute et le Truand est sorti en 1966. Une nouvelle fois réalisé par le génial Lardani, le générique d’ouverture est tout bonnement magistral. Lardini y convoque toutes les techniques expérimentales qu’il a utilisé dans les films précédents. Mélange de lettrages différents, typographie cinétique, rotoscopie et autres effets artisanaux font de ce générique une véritable pépite !
Les typographies de Sergio Leone : Il était une fois dans l’Ouest
Sorti en 1968, Il était une fois dans l’Ouest marque une rupture dans l’œuvre de Sergio Leone. Il s’agit en effet du premier film dont le générique n’est pas réalisé par Lardani. C’est Leone lui-même qui s’est chargé de réaliser l’ouverture de son film. Dans les sept premières minutes du film, il ne se passe pratiquement rien, à part une bagarre entre un flingueur et une mouche.
Mais, grâce au montage et à la musique, Leone parvient à créer la tension nécessaire pour démarrer le film. Le générique glisse paresseusement sur et hors de l’écran au même rythme que les images. Peut-être un tantinet moins inventif que les créations de Lardini, ce générique a néanmoins marqué son époque grâce à la police utilisée : Cooper Black.
Typographie d’aspect rétro aux empattements arrondis et inégaux, Cooper Black a été créée en 1921 par Oswald Bruce Cooper. Dans les années 20 et 30, cette police devint très populaire notamment dans la publicité avant de disparaître. Pour réapparaître dans les années 60 pour devenir une des typographies les plus utilisées au monde !
Des milliers de jeunes Américains ont ainsi commencé à utiliser cette police de caractères pour des flyers faits maison. Ou des tracts pour des manifestations, des concerts, des débats et autres projections de films. Parallèlement, Cooper Black commence également à apparaître sur les couvertures d’albums légendaires. Au hasard nous pouvons citer Pet Sounds de the Beach Boys, L.A. Woman de The Doors ou encore Ziggy Stardust de David Bowie. Sans oublier des disques de The Rolling Stones, Johnny Cash, James Brown et beaucoup d’autres.
Les typographies de Sergio Leone : Il était une fois en Amérique
Sorti en 1984, Il était une fois en Amérique est le dernier film de Sergio Leone. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un western nous y retrouvons les thématiques chères à Leone : l’odyssée dramatique d’un hors-la-loi dans une société violente. Pour le générique de son ultime œuvre, le réalisateur a choisi une police de caractères étonnante : la Victorian.
Créée en 1976 par Freda Sack et Colin Brignall, cette typographie évoque l’époque victorienne. Et le style d’écriture du XIXe siècle. Plus sage que les précédentes, cette police au minimalisme élégant forme un écrin idéal au propos mélancolique de cette dernière réalisation du grand maître Italien. Les typographies de Sergio Leone semblent ainsi faire écho en permanence à son propos sous-jacent pour former une œuvre totale.
Les typographies de Sergio Leone : une révolution esthétique
En réinventant les codes du western dans une série de films intemporels, Sergio Leone a inspiré de nombreux artistes. Ses choix typographiques, notamment à travers sa collaboration avec Iginio Lardani, ont également remis en cause les normes visuelles de l’époque. Grâce à leurs expérimentations (rotoscopie, typographie cinétique…) ils ont établi une esthétique qui est devenue une norme cinématographique.
Les typographies de Sergio Leone : des génériques inoubliables
Incarnant l’originalité et le savoir-faire si typique du cinéma italien de cette époque, les génériques des westerns spaghetti de Sergio Leone sont parmi les plus célèbres et les plus marquants de l’histoire du cinéma. Tout simplement. Nous vous l’avions bien dit : les typographies de Sergio Leone méritent le coup d’œil !